Dans la foulée des différentes vagues de mobilisation et de contestation des années 2010, les théories de la démocratie radicale ont permis de réfléchir à nouveaux frais au rapport des mouvements sociaux à la démocratie en les associant à un idéal d’insurrection populaire. Or, il découle de cette association une conception particulière de la conflictualité politique qui est susceptible de renoncer aux promesses pratiques et normatives de la démocratie. S’agissant de dépasser cette conception de la conflictualité politique et de réaffirmer la spécificité de l’apport démocratique des mouvements sociaux, cet article entend étayer l’hypothèse d’une institution insurgeante de la démocratie en soutenant que les mouvements sociaux contribuent par leurs pratiques contestataires à produire et à transformer l’ordre démocratique.